Organisation sociale du ksar d’Aït Ben Haddou, autrefois.

La sédentarisation des populations jadis nomades relève d’un mouvement universel et inéluctable d’évolution de l’humanité. Que ce soit à l’abri d’une palmeraie, aux abords d’une rivière ou bien dans le contrefort d’une montagne, à chaque fois l’enjeu était de parvenir à faire survivre une communauté et le défi était de réussir à la faire prospérer.

Longtemps les peuples amazighs ont porté ce récit mythique de l’aventure humaine. Ils ont parcouru les vastes territoires de l’Afrique du Nord, et ils ont un jour cessé leur marche pour alors entamer la construction méticuleuse d’une nouvelle manière de vivre ensemble.

Leur expérience de l’itinérance les avait rendus avisés de tous les risques liés à l’environnement, de tous les dangers propres à la condition humaine. Une fois établis quelque part dans la durée et dans la sécurité, c’est-à-dire une fois l’habitat consolidé, fortifié, ils mettaient toute leur attention à organiser la vie de la communauté pour y préserver l’harmonie entre ses membres et l’équilibre entre les droits et devoirs de chacun en regard de la collectivité.

Au fil des années, un droit coutumier s’est mis en place propre à chaque village ou ksar. Cet ensemble de règles portait le nom d’Azerf. Il garantissait la gestion des terres agricoles, la répartition de l’eau, la vie publique et bien évidemment la résolution des conflits, internes comme externes au groupe. La justice était ainsi rendue aux yeux de tous et sous l’autorité des responsables de la communauté. Pas de rétention ou de châtiment corporel, pas de peine capitale. Les sanctions vis-à-vis d’un conflit ou même d’un crime relevaient d’une pénalité matérielle, financière ou bien en nature, c’est-à-dire avec la remise d’une certaine quantité de céréales. Parfois, la communauté décidait l’exclusion d’un de ses membres, son bannissement en vue de l’effacement définitif de son souvenir.

Ce droit local allait de pair avec un devoir de groupe vis-à-vis des tâches relatives aux biens collectifs, comme l’entretien des rues ou des canaux d’irrigation, mais aussi dans l’intention d’aider chaque famille face à ses besoins impérieux. C’est là le système de laTwizi qui rend naturel l’entraide et la solidarité.

Le rochez d’Abraham

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Au ksar d’Aït Ben Haddou, la gestion de la communauté repose sur l’implication des cinq familles fondatrices, conçues comme étant lesos du village, lesighesen langue amazighe ; l’ensemble réuni formant ainsi le squelette de la société locale.

Chaque dernier dimanche du mois d’août, les cinq familles se réunissaient pour désigner en leur sein les deux représentants qui iraient siéger au conseil du village. Réuni en assemblée annuelle, le conseil, appeléAghrad, désignait le responsable de l’irrigation des champs qu’ils avaient coutume d’appelerEl Ayman, ce qui signifie le juste. Le reste du temps, ils se rencontraient dans un lieu dédié à leurs débats, au sein de laDar lqbila, la maison de la tribu, pour discuter des affaires courantes.

La communauté d’Aït Ben Haddou avait ainsi choisi de placer son quotidien comme son destin entre les mains de ceux qu’elle jugeait seuls apte à porter l’intérêt commun, forts de leur expérience et de leur sagesse, mais surtout en vertu de leur appartenance à la lignée des fondateurs devenue au fil des années autant le socle que la charpente de l’ensemble du groupe.

Ce texte a été rédigé dans le cadre de l’ouverture de la Maison de l’Oralité du ksar d’Aït Ben Haddou.

La série sur le ksar d’Aït Ben Haddou

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