Juifs du Maghreb

Le destin perdu des juifs au Sud Est du Maroc

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Depuis longtemps déjà, l’humanité du versant oriental de l’Afrique est venue irriguer son alter ego à l’autre bout du continent. Dès le troisième millénaire avant aujourd’hui, des Phéniciens intrépides étaient en effet parvenus jusque vers les côtes atlantiques, entamant ainsi la rencontre avec les populations autochtones, ancêtres des peuples berbères. Trois siècles plus tard, la fondation de Carthage dans l’actuelle Tunisie attisera le flux des migrations. Les légendes de la mythologie grecque sur le géant Atlas et l’attrait irrésistible de l’océan finiront d’aimanter pour toujours les deux côtés de l’Afrique.

Viendront ensuite les Romains, les Byzantins, les Ottomans, les Arabes … Au fil des siècles, les terres du Nord-Ouest africain deviendront le carrefour de multiples passions et ambitions, l’eldorado de tous les projets, le creuset d’un incessant métissage culturel et l’établi de la lente et laborieuse construction d’un pays, le Maroc.

Très tôt encore, éparpillées dans ces flots humains, des communautés juives se sont implantées çà et là, au gré de leurs pérégrinations sans autre but que celui de se trouver un endroit où se poser et y faire existence, souvent en fuite d’un autre lieu. Elles ont alors pris part à la vie de leurs territoires d’accueil, mêlant leurs mains, leurs cœurs et leurs intelligences au labeur des autres communautés qui s’y trouvaient déjà, ou de celles qui les rejoindraient plus tard, tissant tous ensemble, génération après génération, l’identité plurielle de ce qui deviendra le Maroc.

La construction d’un peuple mosaïque

Les premières vagues d’immigration de communautés juives seraient donc arrivées à bord de navires phéniciens sur les côtes près de l’embouchure de l’Oued Noun, dans la région de Guelmim au Sud du Maroc. Différents groupes auraient alors pénétré progressivement dans l’intérieur des terres, notamment vers les vallées du Drâa, du Tafilalet, du Dadès et vers le Haut Atlas. Une légende raconte que le Roi Salomon envoya au 10ème siècle av.J.-C. des explorateurs juifs dans la région du Drâa pour y rechercher de l’or. Il se raconte aussi que certains groupes seraient parvenus jusqu’ici directement en traversant le continent à l’époque de la première destruction du Temple de Jérusalem, en – 586 av. J.-C. et suite à la déportation massive à Babylone des Hébreux survivants.

Historiquement, la seule preuve concrète de l’ancienneté de leur présence au Maroc remonte au 2ème siècle av. J.-C et consiste en des objets funéraires retrouvés dans les ruines du site romain de Volubilis et portant des inscriptions en hébreu et en grec.

Jusqu’à l’arrivée des tribus arabes à partir du 7ème siècle, plus de mille années se sont donc écoulées pour permettre aux communautés juives, berbères et subsahariennes de façonner entre elles un espace social et culturel cohérent où s’exprimaient autant le judaïsme, le christianisme et le paganisme selon les périodes, les divers pouvoirs locaux ou les différentes puissances étrangères occupantes, comme les Romains, les Vandales et les Byzantins.

L’influence grandissante de l’Islam changea bien évidemment la situation. Elle protégea les communautés juives des grandes persécutions romaines ou byzantines en les plaçant sous le statut de Dhimmi. Cette position sociale, discriminatoire dans les faits, leur garantissait en effet une réelle protection plus facilement vivable qui pouvait même devenir plus flexible selon l’état d’esprit des sultans successifs ou surtout des chefs locaux.

Si la période des Almohades replongea les juifs dans la persécution, les autres sultanats permettront la construction d’une symbiose communautaire entre les composantes juives, arabes et berbères, plus fortement encore dans les milieux ruraux où ces groupes humains réunis ne formaient plus qu’une seule et même communauté. Chacun gardait sa singularité culturelle mais au fil du temps beaucoup de ces cultures se métissaient et donc se transformaient.

L’historien allemand Shlomo D. Goitein a ainsi pu déclarer :

« Jamais le judaïsme ne s’est trouvé dans des relations si étroites et dans un état de symbiose si fécond que dans la civilisation médiévale de l’Islam arabe. »

Shlomo D. Goitein

Une destinée commune se forgeait au Maroc entre les communautés, sans le vouloir, sans même le savoir, prenant assise à la fois sur l’accumulation inédite d’un passé commun et sur les soubresauts tragiques de l’histoire et des existences.

C’est ainsi que le 17ème siècle verra le Maroc devenir terre d’exil pour les trois communautés confondues, berbères, arabes et juives, alors chassées d’Andalousie, ce qui forgera entre elles une certaine connivence autour du souvenir nostalgique de l’eldorado ibérique au bénéfice de l’enrichissement de leur culture commune.

Le site de Tidri – Source : Jean Pierre Datcharry / Désert et Montagne Maroc

La vallée du Drâa, berceau d’implantation et de rayonnement

Le Sud Est marocain, du fait de son positionnement géographique, a été l’un des territoires privilégiés d’accueil des communautés juives. Le poids de leur présence est telle que les seules sources documentaires qui renseignent sur l’histoire de cette région avant l’arrivée des tribus arabes seraient des manuscrits hébreux datant du 12ème siècle. Dans ces récits, il est fait mention de l’arrivée aux alentours du 5ème siècle av.J.-C. de juifs nomades en caravanes chamelières et de leur installation sur le site de Taourirt N’Tidri, la colline de Tidri, près de l’actuelle Zagora. Aujourd’hui encore des vestiges en pierre et en pisé peuvent s’observer et témoignent de l’ancienne présence des juifs.

Depuis Tidri, les Juifs se sont répandus dans d’autres localités voisines comme Beni Sbih et Beni Hayyoun, Amzrou au sud de Zagora, Asselim N’Ougdz, Tamnougalte, Tazroute, Tagmadarte, Mhamid El-Ghizlane…

Dans le flot de ces mêmes récits mythiques, il est aussi fait mention de la fondation par les juifs de la ville de Tamegroute en tant que capitale d’un royaume juif du Drâa qui aurait dominé la région à partir du 7ème siècle et ce jusqu’à la fin du 11ème siècle où l’arrivée des tribus berbères musulmanes, les Sanhadjas des sultanats almoravides, replongea les communautés juives dans un cycle de persécution,leur ôtant définitivement toute possibilité de détenir de l’autorité sur les territoires.

Tamgroute se distinguait par son caractère urbain et surtout par son rayonnement culturel où la science hébraïque jouissait d’une grande notoriété dans tout le Sud marocain. Le savant talmudiste Moïse Abraham Halevy Ed-Draoui représente la figure emblématique de cette époque au 10èmesiècle.

Source : www.ouarzazate-1928-1956.fr

Et la vallée du Dadès, du Ziz, et tout du Tafilalet …

D’importants foyers juifs s’installèrent aussi dans la vallée du Dadès notamment sur le site de Tiylite, situé à quelques kilomètres de l’actuelle Kelaa M’Gouna.

Un ouvrage du 12ème siècle intitulé Kitâb Al Istibṣar d’un géographe arabe anonyme évoque Tiylite sous le nom de Madina, ce qui signifie ville, la décrit comme un lieu où passaient les caravanes, doté d’une forteresse avec des garnisons et la présence d’un wali, un gouverneur. Tiylite fut en effet un foyer de confluence des populations des régions voisines comme le montre la liste des familles enterrées dans son cimetière juif : Ait Ouzzine, Ait Tazarine, Ait Ofilal, Imeghrane, Ait Hnana, Ait Icho, Ait Messoud, Ait David …

La vallée de Todgha et de Dadès accueillirent d’importantes communautés juives en provenance de l’Andalousie une fois sa reconquête par la monarchie espagnole catholique. Le ksar d’Asfalou constituait ainsi un grand centre de résidence des juifs de Todgha. Puis le Ksar de Tinghir, de Taourirte et d’Ait Ourjdal. L’importance des juifs à Todgha est explicitement véhiculée dans la chanson populaire amazighe locale :

A Tinghir D’ Tourirte D’Asfalou, Oudayn Akent Igan D’ Teqbiline
Ô Tinghir, Taourirte et Asfalou, ce sont les juifs qui ont fait de vous des tribus.

Dans le Tafilalet autour du bassin de Ziz, de nombreux foyers juifs ont prospéré. Ces derniers ont connu un grand essor économique et social avec la fondation de la cité de Sijilmassa par les berbères Zénètes. Après le déclin de cette cité rayonnante au 14ème siècle, les juifs ont poursuivi leur destin dans d’autres ksour comme le ksar de Tabouâssamte, celui d’Almamoun, d’Alfouqani ainsi que dans le ksar de Beni Moussa et de Moucheqlal.

Tafilalet est aussi la région natale de grands rabbins juifs comme le Rabbi Ya’akov Abehssera né en 1889 à Rissani, le Rabbi Moul Tria et le Rabbi Moul Sedra.

Les noms des familles juives résonnent encore dans la mémoire collective locale, c’est le cas de Benchetrit, Benitah, Bensemhoun, Dahan, Illouz, Mamane, Nezri, Teboul Hazout, Bensaid, Zenou, Amoyal… ainsi que les Benhamou, et Azeroual à Boudnib.

Une fois que la constitution des Mellahs devint la norme dans les grandes cités du Maroc à partir du 19ème siècle, villes et villages du Sud Est marocain installèrent eux aussi ces espaces réservés aux communautés juives et certains eurent une renommée importante comme ceux de Rissani, d’Erfoud ou de Demnate.

Ouarzazate abritait elle aussi d’importantes populations juives notamment dans les villages de Telmasla, dans la Casbah de Taourirte, à Tamassinte, Imini ou Tikirt. A Tifoultoute repose le Rabbi Yihia Ben Baroukh Cohen Azogh. Agouim accueille aussi la tombe du rabbin Rabbi David Ou Moshé né à Jérusalem. Le village de Tazenakhte fut renommé surtout par la présence en sa synagogue d’un important document théologique dénommé Sefer Tislit ou le Rouleau de Tislit.

Juif d’Ouarzazate – Source : www.ouarzazate-1928-1956.fr
Source : www.ouarzazate-1928-1956.fr

Une symbiose entre les communautés juives et musulmanes

Juifs et musulmans partageaient donc une existence commune en regard d’un destin tout aussi commun. Cette fusion a donné naissance à une culture mixte, judéo-berbéro-arabe, où se partageaient maints éléments identitaires comme l’adoration des saints et les cérémonies rituelles autour de leurs tombeaux. C’est le Moussem du côté musulman ou la Hiloula du côté juif. Souvent les deux communautés vénéraient les mêmes saints, sous des appellations différentes. C’est ainsi que dans la région du Drâa, juifs et musulmans célébraient le pèlerinage sur la tombe d’un même saint à Tidri dénommé Isaac Akkouim par les juifs et Sidi Moussa par les musulmans. A Demnate, un autre saint du nom de Haroun Ben Cohen était lui aussi vénéré par les musulmans locaux sous l’appellation de Bou Lbarakat, ce qui signifie Celui qui accorde les bénédictions.

Moussem : fête régionale annuelle qui associe une célébration religieuse pour honorer un saint à des activités festives et commerciales.
Hiloula : le sens premier est « crier avec joie et crainte » et décrit une coutume juive consistant à se rendre sur les tombeaux de Tsaddikim (les Justes) le jour anniversaire de leur mort pour la commémorer au moyen d’une cérémonie festive. (Source : Wikipedia)

Cette harmonie culturelle entre juifs et musulmans s’illustre aussi dans les patronymes puisqu’une faible minorité des noms de familles juives marocaines se rattache à une étymologie hébraïque ou araméenne. La majorité des noms juifs révèle une connotation locale berbère, arabe, sub-saharienne ou désigne une activité professionnelle, une filiation tribale ou une origine géographique.

Source : www.ouarzazate-1928-1956.fr

Les savoir-faire juifs au service de l’intérêt collectif

Si les juifs des grandes villes impériales ont souvent rempli d’importants rôle politiques et économiques auprès des sultans, comme influents conseillers, gestionnaires de finances ou agents diplomatiques, leur rôle dans les territoires du Sud Est fut majeur pour le développement des localités et l’organisation de leur économie.

La prospérité du commerce transsaharien repose en grande partie sur leur implication en raison de leur connaissance atavique du désert et du nomadisme. Ce savoir-faire et leur maitrise des langues locales leur permettaient d’ouvrir des circuits entre des régions reculées, favorisant ainsi la participation aux souks hebdomadaires de leurs artisans forgerons, orfèvres, armuriers, serruriers, couturiers, cordonniers, fabricants de selles et de babouches, de tapis et de couvertures.

Le parfait exemple en est donné par le rabbin Mardochée Aby Serour d’Akka qui accompagna l’explorateur français Charles de Foucauld durant son voyage de reconnaissance du Maroc en 1883.

Aux alentours de l’année 1070, le géographe andalou Al Bakr décrit les juifs présents à Sijilmassa comme des spécialistes de la maçonnerie et de l’architecture et ils seront effectivement dans tout le Sud Est marocain les constructeurs de nombreuses casbahs et ksour et les ingénieurs de nombreux équipements agricoles, notamment pour l’irrigation des terres.

Mais c’est dans le commerce que les juifs ont évidemment accumulé une dextérité et une réputation durables. Un dicton populaire l’illustre joliment :

« Le juif dans le souk, c’est comme le levain dans le pain. »

Dicton populaire
Une marchande juive dans le souk de Kzar Es Souk , anciennement Errachidia

Un déracinement symbole de déchirement

Le 20ème siècle allait provoquer de profonds bouleversements dans l’écheveau communautaire qui s’était constitué au fil des siècles entre les communautés juives et musulmanes du Maroc.

D’une part le Protectorat français entraina l’exode rural des familles juives en direction des grandes villes, encouragées par l’accès à la modernité occidentale et sans doute par un espoir d’émancipation. D’autre part, la France apporta son soutien au développement d’une éducation modernisée sur le modèle laïque du système français. L’Alliance Israélite Universelle (AIU), une organisation française, proposait ainsi une scolarisation massive des jeunes filles et garçons juifs y compris parmi les familles les plus pauvres, et donc dans les ruralités du Maroc.

La seconde moitié du 20ème siècle, à partir de l’indépendance du Maroc et des différents conflits entre Israël et les pays arabes environnants, verra le départ du Maroc de l’immense majorité des juifs pourtant devenus citoyens marocains.

Mme Fadma originaire d’Ouarzazate, décédée pendant le confinement du au Covid19, alors âgée d’environ 120 ans, évoque avec regret ces moments de séparation :

« Les juifs vivaient majoritairement dans le village de Telmasla. Ils n’étaient jamais nos ennemis. Nous vivions ensemble. Je me souviens encore de ce jour où les bus sont arrivés dans nos villages pour les emmener. Nous nous sommes tous rassemblés pour leur dire adieu. C’était un jour triste. »

Mme Fadma

L’éclipse des communautés juives dans le récit du Maroc

Plus de deux mille ans après, les traces de l’existence des communautés juives dans le Sud Est du Maroc disparaissent peu à peu. Elles se repèrent encore dans le nom de certains villages, dans celui des familles, au sein des légendes populaires ou des coutumes locales. Bien que la tradition orale parvienne à maintenir quelque peu les souvenirs de toutes ces communautés de vie entre populations berbères, arabes et juifs, le temps risque de les effacer à jamais si rien ne vient les mettre en valeur et les préserver, éclipsant un peu plus encore la part de la communauté juive dans le récit national du Maroc.

L’histoire de cette participation des communautés juives à la construction du Maroc reste méconnue, notamment au sein des jeunes générations marocaines. Si des initiatives ont vu le jour dans certaines grandes villes du Maroc pour contrer cette amnésie historique et ainsi redonner au récit collectif toutes ses couleurs, ici au Sud Est du Maroc, comme vis à vis des autres facettes de la mosaïque mémorielle si riche de cette région, rien n’a encore été fait.

Tinghir-Jérusalem : Film réalisé par Kamal Hachkar, originaire de Tinghir, en 2013 – Récit d’un exil, de Tinghir à Jerusalem. Voir sur Youtube.

Bayt Dakira Essaouira : la Maison de la Mémoire est un nouveau musée d’Essaouira et un centre de recherche officiellement inauguré par le roi en janvier 2020, autour de la préservation de la mémoire des juifs d’Essaouira.

Un témoignage d’une juive marocaine partie en Israël porte un vœu clair :

« Je veux que les jeunes connaissent l’histoire des juifs marocains. Dans les villages, les juifs et les musulmans étaient des frères à part entière. La mère juive allaitait le bébé de la mère musulmane et réciproquement. Nous n’avons jamais abandonné notre pays. Il y a trois générations des juifs d’origine marocaine qui sont désormais nées en Israël, et les grands parents accompagnés de leurs petits-enfants se rendent chaque année à Tinghir, Skoura, Errich et ailleurs encore pour se recueillir sur les tombes de leurs ancêtres et de leurs Tsadkim (saints). »

Fanny Mergui, née en 1944 dans la médina de Casablanca

Le mystère de ce juif, à jamais marocain, reste entier

En dernier lieu, une fois les pèlerinages passés et tous les souvenirs évanouis, il restera la cicatrice inaltérable du déchirement provoqué par l’exode massif de la communauté juive. Le déchirement de ces familles entières arrachées à une terre devenue natale, et plus encore, terre d’origine. Le déchirement d’être éloignées d’un pays qui était devenu le leur. Le déchirement enfin pour tous ceux qui voyaient partir celles et ceux avec lesquels, en dépit de tout, malgré les périodes de persécutions, les contraintes ou les brimades, ils partageaient, au fil des siècles, l’expérience d’être devenus des marocains.

L’histoire des juifs au Maroc s’étale ainsi sur un très long parcours où s’entremêlent lumières et ombres, dans le reflet fidèle du cheminement de notre humanité. Un fait singulier cependant se constate et tous les témoignages le confirment : le juif marocain, celui du Sud Est comme celui des autres ruralités et des grandes villes, est parti ; mais où qu’il soit dans le monde, en Israël, en Europe, au Canada, partout ailleurs, il garde présente et vivante en lui sa composante marocaine.

Entres les souffrances et les beautés de son existence au Maroc, le mystère de ce juif, à jamais marocain, reste entier.

Ce mystère éclaire sans aucun doute le passé de tous les marocains et de tous les territoires du Maroc. Il pourrait aussi éclairer leur avenir si le réveil des mémoires pouvait se comprendre comme l’illumination dans toutes ses couleurs de la grande et belle histoire du Maroc, un royaume alors pleinement fier de son identité plurielle.

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31 commentaires
  1. Merci pour ce magnifique reportage sur l’histoire des juifs de la grande région Sud-Est, dont la richesse de la culture colportée par ces communautés comme toutes les autres communautés a permis le Sud Maroc d’aujourd’hui.

    Ce camaïeux de richesses culturelles mériterait un musée sur l’histoire des juifs du Sud Maroc, et Ouarzazate me semble le lieux carrefour de cette mémoire. Comme à Essaouira Dar Bayat Bakira inauguré par Sa Majesté en janvier dernier, https://www.h24info.ma/culture/histoire-essaouirace-foyer-de-la-culture-juive-en-afrique-du-nord/

    Ces sujets mériteraient d’autres articles complémentaires sur un village, une vallée, une petite région, sur les différents métiers, des personnages atypiques, sur ces juifs Sahariens qui effectuaient le commerce transsaharien avec leurs grandes caravanes de chameaux, d’où leur implantation à Tidri de villages comptoirs à l’entrée de la vallée du Drâa.

    Sur tous ces métiers d’une grande richesse : architecte des kasbahs, serruriers des clefs en bois, tisserandes, et bien d’autres, au delà des clichés sur les juifs seulement fabriquant de bijoux ou banquier.

    1. Oui merci de nous faire revivre tout ces souvenirs merci aussi pour le retour de nos frères et soeurs juifs Marcains, nos amis d’enfance, merci sa Majesté…ALLAH YÉHAFDAK…
      Nous vous aimons…

  2. Ils ont été traumatisés, et la peur au ventre ils sont partis laissant toute leur histoire au Maroc . Il y a une minorité qui a refusé de partir et ils ont eu bien raison. Ils sont chez eux dans leur pays et personne n’a le droit de les inquiéter . Vous êtes nos frères …

  3. Franchement le récit est vraiment riche en informations que beaucoup ignorent malheureusement et c est très émouvant en pensant à toute une population qui quitte brusquement le pays où ils ont des souvenirs parfois des plus douloureux. C’est tres difficile à décrire.

  4. A jamais, les juifs ont marqué par leur présence depuis plus de 30 siècles les habitudes et les us marocaines. Les âmes de leurs ancêtres errent parmi les nôtres. Les juifs ont édifié avec les berbères et les arabes ce qu’on appelle aujourd’hui “la civilisation des peuples maghébins”

  5. Joli article qui met la lumière sur une partie tant ignorée par beaucoup de marocains quels que soient leurs origines, et aussi à l’étranger. Malheureusement la guerre de 1968 a provoqué l’immigration des juifs Marocains vers Israel… Des articles comme celui là doivent être enseignés dans les écoles et universités … Ca nous rend bien conscient de l’importance de la diversité et de la tolérance.

    1. J’ai encore en ma possession des reportages que j’ai fait au Maroc en 1993 pour la télévision de Radio-Canada lors d’un tournage d’un mois et dont 3 avaient pour thème la présence juive au Maroc. Un reportage émouvant d’un frère et d’une soeur qui ont retrouvé la maison où ils sont nés à Casablanca et qu’ils ont retrouvée presque intacte. Une rencontre émouvante avec ceux qui leur ont succédé. Puis, une hiloula à quelques dizaines de kilomètres d’Essaouira qui a rassemblé des juifs venus d’un peu partout dans le monde, et enfin l’histoire de Mme Attias la dernière juive qui habitait encore dans la médina de Marrakech, seule parmi les musulmans, et qui pleurait le départ depuis bien longtemps de ses enfants. Malheureusement, ces reportages n’ont jamais été diffusés par la télévision marocaine, qui avait pourtant contribué à leur réalisation.

      1. Bonjour Monsieur Malki, Je suis là fille de Madame ATTIAS et je souhaiterais savoir comment accéder à votre film sur les entretiens que vous avez eu avec elle. Merci

    1. Tout à fait à condition de cesser de confondre : arabe et berbère…la compréhension qui a garanti une coexistence en intelligence entre juifs et berbères est d ordre pargmatique et spirituelle. Il s agit en somme de coexistence entre Islam et Judaïsme ; une pratique respectueuse qui n avait rien à avoir avec les arabes (plutôt berbères arabises). Confondre musulman et arabe relève d un amalgame que cet article pourtant riche nourrit implicitement. Dommage! On aimerait savoir si des arabes comme les Bani Hilal par exemple s étaient fixés en conquérants dans le Sud-est du Maroc….?

  6. Je suis une passionnée de l’histoire juive. Vers ma région, on me dit qu’il y a un site qui s’appelle Debdou et où des familles juives ont vécu. J’aimerai beaucoup le visiter. Existe-t-il vraiment ? Merci de me renseigner. (Debdou se trouve vers la région de Oujda.)

  7. Merci pour cet excellent article!

    Je voudrais ajouter que j’ai publié un premier article d’une série d’études sur cette Nostalgie de ceux qui sont nés ou ont vécu au Maroc – un phénomène plutôt unique dans le monde.
    https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-030-43687-2_9

    Un second article est en préparation et sa publication est prévue pour la fin de l’année.
    Une troisième série de questionnaires (en amazigh, en arabe et en espagnol, en plus du français) est prévue pour le début de l’année prochaine. Pour ce dernier j’espère l’écrire avec des chercheurs marocains.
    Yohanan

  8. Nul doute que l’histoire du Maroc est marquée par la présence multiseculaire des communautés juives, et que ces communautés y ont vécu ce qu’elles ont vécu grâce à l’esprit de tolérance des populations musulmanes.
    La politique a ensuite tout gaché dans l’ensemble du monde arabe où il ne reste pratiquement plus de juifs.
    ,

  9. Cet article est riche et passionnant. Il omet néanmoins deux aspects:
    -le proselitysme juif jusqu’à l’arrivée de l’islam et qui a entraîne la conversion de nombreux berbères au judaisme.
    -l’activité des groupes sionistes qui ont incite les juifs marocains à partir. Ce n’est pas pour rien que ce sont essentiellement les juifs pauvres qui sont allés en Israël, alors que les familles aisées choisissant plus la France où le Canada

  10. Cet article édifiant sur les racines des juifs marocains éclairera plusieurs juifs ignorants de leur histoire. Il faudrait cependant ne pas oublier que les juifs, des dhimmis, qui devaient se soumettre à l’islam sans toutefois devoir se convertir ( comme les berbères), devaient payer une taxe pour avoir le droit de vivre au Maroc et de pratiquer leur religion. Ils ne vivaient pas dans la es mellas oar choix mais y étaient obligés. Ces ghettos juifs étaient verrouillés la nuit, et leurs résidents be pouvaient en sortir le jour que pour vendre entre autre leur artisanat, identifiés par une étoile jaune cousue sur leurs vêtements. Leur fuite du Maroc fut provoquée par leur obligation de se soumettre aux lois islamiques s’ils voulaient garder leur statut de citoyens . Un statut qu’ils avaient finalement acquis après des millénaires. Bien qu’il faille les reconnaitre comme un peuple fondateur du Maroc au même titre que les berbères, il ne faut pas enjoliver leur histoire chargée de persécutions, de massacres massives, et de pogroms.

  11. Merci pour ce riche exposé. Merci pour cette définition de juif marocain. Nous sommes partis certes mais comme le disait feu Hassan2 (paix à son âme), nous demeurons à jamais les meilleurs ambassadeurs du Maroc, notre cher pays natal …

  12. La lecture de ce bel exposé donne un peu le tournis. L’histoire des peuples est complexe, multiple, riche de tous ces voyages, de toutes ces migrations, qui ont mené l’humanité à habiter presque tous les recoins de notre planète Terre. Vu de haut, cela semble un mouvement continu ; et puis, quand on s’approche de plus près, ce sont des populations qui se croisent, des hommes et des femmes qui se rencontrent, choisissent de s’établir dans un endroit, mêlant leurs cultures, leurs rites, leurs croyances. Que c’est bon lorsque tout s’organise bien et que la vie peut s’y épanouir sereinement ! On connaît le pendant lorsque les intérêts divergents et l’intolérance apparaissent. Œuvrons pour la fraternité !

  13. Récit historique, riche en informations. Les juifs ont coexisté et cohabité intelligemment avec les amazighs et on marqué ensemble l’histoire du Maroc et édifié une grande civilisation en Andalousie.

  14. Mais encore on pet parler de l’ exode des juifs espagnols et du sud marocain vers le Cap Ver en fondant Sinagoge, une petite village là bas

  15. je suis juif marocain. Ma grand mère juive originaire du Tafilalet nous racontait souvent sa vie à Rissani ville au combien célèbre. elle parlait parfaitement arabe, pleurait souvent en pensant à ces temps de bonheur et d’entente parfaite entre les communautés s’habillait comme ses sœurs marocaines jusqu’à la fin de sa vie
    elle est partie à 102 ans en priant tout les matins pour les musulmans, les juifs et leurs saints communs..

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