Aït Ben Haddou, de la légende à l’histoire

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Lorsque le regard rencontre la silhouette singulière du ksar d’Aït Ben Haddou, semblable à aucun autre ksar dans la région Sud Est du Maroc, le mystère s’instaure et l’on se demande pourquoi autour de ce rocher isolé, des hommes et de femmes, des familles, se sont jadis arrêtés là pour y faire leur foyer.

Bien sûr, ils avaient manifestement décidé de s’installer le long de la piste que les caravanes chamelières en provenance de l’autre côté du Sahara suivaient pour rejoindre Marrakech.  Il leur sembla sans doute judicieux d’accueillir ici les voyageurs pour une pause bienvenue. La tradition orale indique que le commerce des poteries devait être florissant puisqu’aujourd’hui encore les anciens du ksar dénomment le site Ighrem n’Iqddarn, ce qui signifie le village des potiers. Comme souvent le choix des noms préserve dans le temps le fil des histoires, et c’est aux détours des ruelles du ksar qu’un puits au nom éloquent, Anou n’Tarmouyte, le puit de la chrétienne, vient éclairer quelque peu les origines du lieu.

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Le “puits de la chrétienne” et la “Tour de la chrétienne”, au ksar d’Aït Ben Haddou

Il faut alors faire le lien avec une légende rapportée par l’explorateur Charles de Foucauld lors de son passage dans la région en 1883 pour commencer à dessiner dans son esprit une très lointaine époque où la région était sous l’autorité d’un roi berbère, chrétien, et du nom d’Ouâd. L’une de ses quatre filles, Aïssatou, se serait alors installée au pied du rocher alors que ses autres sœurs, Skoukta, Zelfa et Doulatou, avaient pris assise dans des villages alentour. Il se raconte que durant son règne, les jeux autour du feu étaient particulièrement populaires et jusqu’à aujourd’hui cet usage perdure. Un peu plus loin, un autre lieu fait référence à sa présence puisque la tour nord du ksar est dénommée LBorj n’Tarmouyte, ce qui signifie la tour de la chrétienne. Il s’agirait ici de rappeler l’endroit par lequel la princesse Aïssatou aurait échappé à l’assaut des armées musulmanes venues d’Arabie au 7ème siècle pour conquérir les terres d’Afrique jusqu’à leur occident.

L’écho de son souvenir se fera entendre des siècles après puisque la musique de son nom résonnera dans celle de la tribu des Aït Aïssa réputée être à l’origine de la fondation du ksar au 11ème siècle sous la dynastie des Almoravides. Là encore, une légende raconte qu’un dénommé Aïssa, venu un jour du désert, s’arrêta aux abords du rocher pour y fonder le premier village. Pendant longtemps, le ksar sera ainsi connu sous l’appellation d’Ighrem n’ Aït Aïssa jusqu’à ce qu’un nouveau de ses chefs, Amghar Ben Haddou, impose à son tour l’usage de son patronyme à l’ensemble de sa tribu, devenue membre de la tribu des Aït Zineb et de la confédération des tribus des Aït Ouaouzguite.

Face à tant d’hypothèses, l’histoire officielle retient comme premier jalon d’existence le 18ème siècle puisque les seuls documents écrits disponibles datent de cette époque. Mais une certitude demeure, et l’éclat des légendes le confirme : le ksar d’Aït Ben Haddou, autour de son rocher, attira les humbles, les puissants et les sages, et laissa voilées pour toujours les raisons d’une si forte séduction.

Ce texte a été rédigé dans le cadre de l’ouverture de la Maison de l’Oralité du ksar d’Aït Ben Haddou.

La série sur le ksar d’Aït Ben Haddou

A visiter : Le ksar d’Aït Ben Haddou

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