Le Nouvel An amazigh, appelé Yennayer, marque le premier jour de l’année agricole pour les communautés berbères. Il correspond au premier jour du mois de janvier dans le calendrier julien, utilisé avant l’adoption du calendrier grégorien. L’année 2020 correspond ainsi à l’année 2970 selon le calendrier amazigh, et le jour du Nouvel An se situe autour du 12 ou 13 janvier de notre calendrier habituel.
Le mot « Yennayer » est une adaptation berbère du mot latin Januarius, d’où est issu également le mot français janvier. Cette étymologie témoigne de l’ancienneté de la pratique, probablement consolidée au contact des civilisations méditerranéennes antiques, tout en conservant une identité propre liée au cycle des saisons agricoles.
Certains historiens expliquent que cette date symbolique aurait été choisie pour commémorer l’intronisation du roi amazigh Chachnak (ou Sheshonq Ier), devenu pharaon d’Égypte après avoir vaincu les forces du roi Ramsès III, vers 950 av. J.-C.. Cette ascension marquerait le début d’une ère glorieuse pour les Amazighs, avec l’établissement d’un royaume s’étendant de la Libye à l’Égypte, et légitimerait ainsi le choix de cette date comme point de départ d’un calendrier proprement amazigh, distinct de ceux imposés par les puissances extérieures.
En tant que fête agricole, Yennayer est avant tout une célébration de la fertilité, du renouveau et de la prospérité. À l’image de la fête du 1er janvier, c’est un moment de rassemblement familial, de vœux, de bilans et d’espoirs. Il est considéré comme un jour faste, propice aux mariages, aux engagements et à toute initiative annonciatrice d’un avenir meilleur.


La nourriture occupe une place centrale dans les festivités. Plusieurs plats sont traditionnellement préparés pour cette journée spéciale. L’Orkimen est une soupe épaisse à base de fèves sèches, de blé et parfois d’herbes sauvages. Le couscous est un autre plat emblématique, et pour Yennayer, il est préparé avec sept légumes, symbole d’abondance et d’équilibre. Le Tagoula, quant à lui, est un plat rustique à base de grains de maïs, enrichi de beurre, ghee, huile d’argan et miel, évoquant la terre nourricière et les saveurs ancestrales.
Une graine de datte ou un morceau d’amande est souvent dissimulé dans le Tagoula ou le couscous. La personne qui le découvre est réputée porteuse de chance pour toute l’année. Autrefois, on allait jusqu’à lui confier les clés du grenier familial (agadir), signe de confiance et de bénédiction collective.
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