Les femmes de Tikirt vivaient en harmonie avec la magnificence de leur cité. Elles étaient parées de somptueux bijoux berbères : colliers d’ambre et de corail, bracelets, diadèmes, broches et pendants d’oreilles, symbolisant à la fois leur statut social et le riche patrimoine culturel de la région.
Une cité admirée par les explorateurs européens
La splendeur de Tikirt a captivé de nombreux voyageurs. L’explorateur français René de Segonzac dans son œuvre Au cœur de l’Atlas, mission au Maroc, 1904-1905, s’émerveillait :
« Je n’ai rien vu dans tout le Nord de l’Afrique qui puisse être comparé à Tikirt. Ce n’est qu’une petite ville, mais ses hautes maisons lui donnent un singulier cachet de forteresse médiévale ».
René de Segonzac
![Tikirt autrefois](https://sudestmaroc.com/wp-content/uploads/2020/05/Tikirt-autrefois-3-1024x320.jpg)
Quelques années plus tôt, Charles de Foucauld, lors de son séjour à Tikirt en 1888, décrivait dans son ouvrage Reconnaissance au Maroc le lieu entourée de massifs montagneux impressionnants:
« Les montagnes tournent tout autour de notre pays disent les habitants de Tikirt. En effet, de quelque côté qu’on jette les yeux, on ne voit que massifs sombres. On distingue de Tikirt plusieurs sommets remarquables et plusieurs cols : Djebel Anremer, Tizi en Telouet, Tizi n Tichka, Tizi n Tamanat, Dejbel Tidili, Djebel Siroua. »
Charles de Foucauld
![Tikirt maintenant](https://sudestmaroc.com/wp-content/uploads/2020/04/Tikirt-aujourdhui-1024x320.jpg)
Une communauté juive intégrée
Tikirt abritait également une communauté juive notable. Des photographies prises vers 1935 par Jean Besancenot montrent un homme et un enfant juifs de Tikirt, vêtus de l’akhnif, une cape traditionnelle, illustrant la diversité culturelle de la région.
La présence juive au Maroc est ancienne, avec des communautés établies depuis des millénaires, notamment dans le Sud-Est, incluant des localités comme Tikirt.
Charles de Foucauld mentionne également une anecdote liée à cette communauté dans Reconnaissance au Maroc (1883). Il raconte avoir rencontré à Tikirt une jeune femme juive originaire d’Ouarzazate, mariée à un habitant local. Il précise que son mari avait payé une somme de 400 francs pour l’emmener, une somme considérable pour l’époque dans cette région. Ce témoignage suggère que la communauté juive de Tikirt jouait un rôle économique et social actif au sein de la cité.
![Le village de Tikirt autrefois](https://sudestmaroc.com/wp-content/uploads/2020/05/Tikirt-autrefois-2.jpg)
![Le village de Tikirt autrefois](https://sudestmaroc.com/wp-content/uploads/2020/05/Tikirt-autrefois-1.jpg)
Un carrefour commercial et culturel
Située stratégiquement, Tikirt servait de carrefour entre les routes caravanières reliant le Haut Atlas au sud du Maroc. Marchands, artisans et voyageurs y échangeaient des biens tels que des tissus, des épices et des objets précieux, contribuant à la vitalité économique de la cité.
Les imposants remparts et les portes monumentales de Tikirt protégeaient ses habitants et leurs richesses. Les maisons en pisé, ornées de motifs en relief, reflétaient le savoir-faire exceptionnel des artisans amazighs.
![Les ruines du village de Tikirt près d'Ouarzazate](https://sudestmaroc.com/wp-content/uploads/2020/05/Tikirt-aujourdhui-3.jpg)
![Les ruines du village de Tikirt près d'Ouarzazate](https://sudestmaroc.com/wp-content/uploads/2020/05/Tikirt-aujourdhui-2.jpg)
Le déclin et l’héritage de Tikirt
Malgré sa grandeur passée, Tikirt a connu un déclin progressif en raison de changements politiques, de l’évolution des routes commerciales et de l’exode rural. Aujourd’hui, les vestiges de cette forteresse médiévale rappellent la splendeur d’une époque révolue.
Les ruines de Tikirt demeurent un témoignage précieux du génie architectural berbère et de la coexistence harmonieuse de diverses communautés. La mémoire de son passé continue d’enrichir le patrimoine culturel du Maroc.