Lorsqu’on termine l’abattage d’une chèvre, on garde la peau dans un pot en ajoutant de l’herbe amère pour faciliter le processus d’élimination des poils. Plusieurs jours après, on arrache ce qui reste et on referme les bords de la peau d’une façon esthétique sauf la partie qui recouvre la nuque qu’on laisse ouverte en guise de versoir pour l’eau. On la renferme à nouveau dans son pot avec la même herbe amère, le tout sur plusieurs jours pour enlever ce qui reste de saleté et d’odeur. Enfin, il faut bien laver le tout pour ensuite l’accrocher dans une place ombragée. La Takchoulte va pouvoir remplir son office.
Malgré les avantages certains des objets modernes du quotidien, il est probable que beaucoup de femmes berbères rurales continueront à utiliser cette manière naturelle de garder l’eau fraîche et propre.

Le terme arabe pour la dénommer est Lgourba, ce qui veut dire proche. Il se peut en effet que jadis, il y a fort longtemps, la Takchoulte, la Lgourba, était l’un des objets duquel on se tenait le plus proche, en raison de son aptitude à refroidir l’eau. Il servait aussi à préparer le petit lait. Et parfois, dans le secret du monde des femmes, il s’y cachait quelqu’objet de valeur.
Si la Takchoulte, confectionnée en peau de chèvre, est emblématique des zones rurales berbères du Sud marocain, d’autres régions amazighes ont développé des solutions similaires pour la conservation de l’eau. C’est le cas notamment du Rif, où les habitants utilisent depuis des siècles des jarres en terre cuite, façonnées à la main.

Ces jarres, souvent élancées, présentent des motifs géométriques gravés ou peints, caractéristiques de l’artisanat local. Comme la Takchoulte, elles ont pour fonction principale de rafraîchir naturellement l’eau, grâce à la porosité de la terre cuite qui favorise l’évaporation.
La différence entre ces deux objets traditionnels reflète la diversité des ressources et des savoir-faire propres à chaque région. Là où le cuir est abondant dans les zones pastorales du Sud, l’argile est exploitée dans les zones montagneuses du Nord. Pourtant, chacune de ces cultures a su tirer le meilleur de son environnement pour répondre à un même besoin quotidien.