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Le patrimoine culturel du Maroc ne se résume pas aux seules villes impériales et leurs fastueuses architecture ou bien aux casbahs et leur sobres constructions mais se compose aussi de l’immense richesse archéologique dont le pays est doté. Ce patrimoine archéologique couvre toutes les périodes de la préhistoire, du paléolithique ancien au néolithique, c’est-dire sur une période de près de 8000 ans av. J.-C. L’art rupestre est une des composantes de ce patrimoine préhistorique réparti sur plus de 300 sites sur l’ensemble du Maroc.
Les gravures rupestres sont des représentations artistiques réalisées par l’humain au cours de la préhistoire. Cet art a été un moyen d’exprimer sa pensée, sa culture et ses croyances avant qu’il n’invente l’écriture. Des tableaux de scènes de chasse, de guerre et des cérémonies religieuses sont autant de messages racontant la vie quotidienne préhistorique. Ces gravures renseignent aussi sur le milieu dans lequel vivaient ces communautés humaines.
Les figurations animales comme les bovidés, les girafes, les rhinocéros, les éléphants ou les autruches indiquent que les paysages de cette époque étaient différents de ceux d’aujourd’hui. La végétation d’alors devait être verdoyante.
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Les différentes gravures rupestres ne sont pas l’oeuvre d’une seule communauté mais plutôt d’une succession de populations et de cultures. La variété des thèmes et des techniques utilisées traduit des changements progressifs du mode de vie, des activités et des croyances de ces populations préhistoriques.
L’art préhistorique gravé sur la roche s’est donc développé à travers le temps et l’espace d’où sa richesse et sa variété.
Certaines caractéristiques permettent d’opérer un classement des gravures selon quatre périodes.
La première période dénommée Bubalin naturaliste est datée entre 8000 et 7000 ans av.J.-C. Elle se distingue par la représentation d’espèces animales avec des proportions et des détails bien rendus (grand buffle sauvage, éléphant, rhinocéros, hippopotame …).
La période Bovidienne est caractérisée par une abondance de représentations de bovidés et correspond à l’apparition du boeuf domestique vers 4000 ans av. J.-C..
La période Libyco-berbère couvre la période entre 3000 et 500 ans av.J;-C. et est caractérisée par des représentations au trait piqueté avec l’apparition d’animaux domestiqués commes la chèvre, le chien, le cheval ou le dromadaire. C’est vers la fin de cette période qu’apparaissent les premiers signes d’écriture, ancêtres de l’alphabet Tifinagh des Touaregs.
Bien avant la construction des casbahs de la vallée du Drâa, les rives de cette grande rivière ont été occupées par des populations préhistoriques. Les premières observations de gravures rupestres remontent au 19ème siècle. Les sites se trouvent tout le long de la vallée et dans les contreforts du Jbel Bani. Des milliers de gravures rupestres, de style et de techniques divers, rendent compte des différentes étapes de l’évolution de cet art, allant de l’époque des chasseurs à l’époque des pasteurs en passant par l’âge des métaux et finissant par les périodes protohistoriques.
La vallée du Drâa représente ainsi la plus importante concentration de l’art préhistorique au Maroc.
Le site de Foum Chenna est le plus important de ce secteur. Il est situé à 11 km à l’ouest du village de Tinzouline, dans la province de Zagora. C’est un site rapporté à la période Libyco-Berbère avec plus de 800 gravures qui représentent des animaux domestiques (caprins, chiens, dromadaires …), des animaux sauvages (autruches, mouflons, félins …), des cavaliers armés de boucliers et de lances, des scènes de combats, et des scènes de chasse à l’autruche.
A ces images s’ajoutent des inscriptions libyco-berbères qui, en fait, représentent la plus grande concentration d’inscriptions connue à ce jour parmi tous les sites rupestres marocains. Ces gravures se superposent à d’autres plus anciennes aux traits à patine noire se confondant avec celle de la roche. Elles indiquent donc deux périodes distinctes de fréquentation de ce site.
Deux autres sites du même style et de la même période sont Assif Ouigane et Jorf Al Khil. Ce dernier referme une centaine de gravures essentiellement des cavaliers, des fers à cheval et des figures de bijoux dont des fibules et des petites cercles pouvant être interprétés comme des bracelets.
Le Maroc accueille des gravures rupestres dans d’autres régions comme les plateaux du Haut Atlas (Oukaïmeden, Yagour et Rat), les zones désertiques d’Es Smara et Saguia El Hamra, les environs de Layoune ou les sites de Tazarine et de Tata.
Les plateaux du Haut Atlas sont considérés comme un foyer d’art rupestre de première importance au Maroc. Avec leur situation dépassant les 2300 m d’altitude, ils restent les seuls sites connus à ce jour en Afrique du Nord à une telle hauteur. On y trouve ainsi des gravures qui représentent les rares témoignages de l’âge de Bronze au Maroc, soit une période située entre 3800 et 400 ans av.J.C.
Le site de l’Oukaïmeden accueille plus de mille gravures avec des représentations d’armes (massues, hallebardes, pointes, flèches, poignards, haches et boucliers). A ces images s’ajoute une faune riche et variée (bovidés, éléphants, lions, serpents …).
Gravures rupestres sur le site d’Igounyar près d’Oukaïmeden
Source : www.prehistoire-du-maroc.com
Le secteur de Tazzarine accueille une dizaine de sites de gravures rupestres, comme le site d’Aït Ouazik, de Tiouririne, d’Abdi Bou Ilili et de Boukerbour.
Ces gravures sont caractérisées par l’abondance de figurations d’animaux sauvages (éléphants, girafe, autruche, antilope buffle …), une faune typique de milieu steppique. Des figures géométriques se remarquent aussi avec la présence de spirales, d’arceaux concentrique ou de cercles à rayons, signes interprétés comme servant à marquer la présence de piège de chasse.
Le secteur de Tata accueille les sites de Imaoun, Tiggane, Oum La Leg et Adrar Metgourine, ou encore dans la vallée de Tamanart les sites d’Icht, Aguerd, Wazzazoun et Taghjijt.
Le site d’Imaoun, à 30 km au nord d’Akka (province de Tata) héberge des gravures géométriques impressionnantes avec des cercles concentriques et des spirales.
Gravures rupestres sur le site d’Inaoun dans la vallée d’Akka
Source : www.prehistoire-du-maroc.com
Les gravures rupestres ont été réalisées par l’usage de deux techniques : le piquetage et le polissage. Souvent, les deux techniques ont été utilisées par les graveurs de l’époque avec un travail de piquetage qui aurait précédé le polissage du trait.
Le piquetage est la percussion directe ou indirecte (martelage) de la surface de la roche à l’aide d’un outil en pierre ou en métal. Cette technique donne des traits irréguliers formés par une succession de petites cavités plus ou moins profondes.
Le polissage est obtenu par frottement et par un mouvement de va et vient sur un tracé préalablement piqueté ou incisé.
Les gravures de l’époque ont en outre été affectées par l’effet du temps sur la surface de la roche. C’est ainsi qu’une patine s’est peu à peu constituée, modifiant la couleur d’origine par l’adjonction d’un film brillant ou mat de couleur allant du brun au noir, ou ayant un aspect métallique.
La couleur de la patine reste le seul critère pour l’estimation de l’ancienneté d’une gravure, et le seul moyen pour établir une chronologie entre les gravures d’un même site.
Les gravures rupestres sont reconnues légalement comme patrimoine culturel de l’humanité au niveau international. Les sites archéologiques du Maroc sont protégés par une loi du 25 décembre 1980. En 1994, le Ministère de la culture du Maroc a créé le Centre National du Patrimoine Rupestre pour assurer la sauvegarde et la préservation de cet héritage millénaire.
Source : Le patrimoine rupestre marocain par Mohssine El Graoui / Ministère de la Culture
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