La petite fille a grandi dans une famille qui lui a accordé une attention particulière. Enfant, Hafida était très proche de sa mère auprès de qui elle passait de longs moments à l’observer confectionner des tapis sur le métier de tissage traditionnel berbère. Elle fut influencée par cet art féminin caractérisé par la sobriété des outils, la richesse des couleurs et des motifs ainsi que le savoir-faire spontané des femmes artisanes.
A l’âge de sept ans, Hafida franchit les portes de l’école. Pour une fille rurale une telle expérience fut une chance rare. Son chemin d’instruction fait naître en elle des balbutiements de rêves pour avenir meilleur. Elle voyait l’école comme une opportunité qui pourrait lui ouvrir des horizons jusqu’alors inimaginables.
Hélas, son parcours scolaire s’arrêta au collège à contre cœur. Cet incident a remis Hafida face à une réalité amère qui brisait alors les rêves d’une grande partie des filles du moyen Atlas : le mariage précoce. Son destin de fille rurale était d’être femme au foyer comme le veut la tradition locale. Impuissante, elle se soumet à son sort.
Hafida se maria alors à l’âge de quinze ans. Elle fut arrachée à ses rêves candides d’enfant pour assumer une responsabilité qui était en réalité un lourd fardeau pour une fille de son âge.
Toute son existence se réduit à la vie conjugale. Devenue en quelques années mère de trois enfants, elle s’efface presque entièrement et n’existe que pour les autres, sa famille pour laquelle elle se voit contrainte de tout sacrifier, ses ambitions en premier.
Mais sa vie familiale a connu un tournant inattendu. Hafida se trouve en face d’un enjeu décisif. Elle ne se reconnait plus dans la voie qu’on avait choisie pour elle. Il n’est plus question de parcourir les sentiers battus où le poids de la tradition écrase son individualité. Comment redonner du sens à sa vie de femme? Ces rêves de petite fille renaissent en elle. Une voix intérieure crie au fond de son cœur l’appelant à oser prendre son destin en main.
Hafida a largué les amarres guidée par son intuition. Elle quitta son village pour la première fois pour rejoindre son frère à Marrakech. Cette nouvelle immersion était favorable à sa future vocation car son frère est un artiste peintre qui allie talent et formation académique. Son rapprochement quotidien de ce peintre a offert à la jeune femme l’opportunité d’acquérir les bases de la peinture avec l’encouragement permanent et l’empathie d’un frère qui a été d’un grand soutien.
En s’écoutant en toute sérénité, Hafida découvrit alors la grande vérité de son être. Tout la portait vers la peinture même si rien ne l’avait prédestinée à devenir une artiste peintre. Les couleurs, les pinceaux, les toiles… reflètent son âme, ses aspirations, ses réflexions. Bref elle s’y reconnaît et y puise le sens de sa vie.
Chemin faisant, Hafida se détache de plus en plus de son ancienne vie monotone. Peindre représente pour elle une source de plaisir, de découverte de belles sensations. C’est sa vie qui recommence. L’artiste novice s’affirme petit à petit dans la peinture qu’elle a apprise en autodidacte.
Sortie volontairement du cadre protecteur de son village et de sa famille, Hafida s’ouvre sur le monde. Elle enchaîne ses expositions de ville en ville : Ouarzazate, Casablanca, Tanger, Agadir, Marrakech … Poussée par son ambition, elle persiste à se forger une personnalité de femme attachée à ses origines et ouverte au progrès sous ces différents aspects.
Hafida ne cesse de répéter que « la fille amazigh est un princesse dans sa famille. Un fois mariée, elle devient une reine dans son foyer. Mais à l’extérieur, d’autres règles communautaires dissimulent cette vérité ou font semblant de le faire ». Ainsi, la femme amazighe est omniprésente dans ses tableaux qui illustrent les différents aspects de sa vie : ses activités quotidiennes, ses moments intimes et festifs …
Sur son chemin de voyage d’une ville à une autre, Hafida l’artiste peintre était de passage à Ouarzazate. Elle succomba au charme de la casbah d’Ait Ben Haddou lors de sa première visite. C’est là où elle a établi sa galerie de peinture. Un petit joyau garni de beaux tableaux et animée par la splendeur d’une femme épanouie. Elle fascine par sa touche artistique et s’impose par sa volonté de femme déterminée à donner le meilleur de son potentiel.
A lire : Fadma Ait Hmam, une femme berbère au talent de peintre
Contact
Hafida Zizi
Galerie d’art, Aït Ben Haddou, Ouarzazate
Tel : 212 662 46 19 17
Email : zizihafida@gmail.com
Crédit Photographie : Abdellah Azizi
www.azifoto.com
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