L’année 2014 s’annonce comme un excellent cru pour les tournages de film à Ouarzazate. Cela faisait longtemps en effet que l’on n’avait pas vu plusieurs productions présentes sur place dans le même temps, les files de candidats à la figuration et les mines réjouies des professionnels du secteur. Amine Tazi, le responsable des studios CLA et Atlas ne manque pas de rappeler la politique de son entreprise, telle qu’annoncée lors d’une réunion organisée à Ouarzazate avec la Chambre Nationale des Producteurs de Films en présence du gouverneur et des responsables de la Ouarzazate Film Commission : les productions marocaines qui viendront travailler à Ouarzazate recevront toute l’attention nécessaire et des avantages exceptionnels sur les tarifs appliqués aux studios, pour l’utilisation des décors et autres installations, ainsi que pour l’hébergement et le catering. C’est chose faite puisque depuis quelques jours, c’est le nouveau film de Ali El Mejboud qui est en tournage dans les décors de l’Atlas Corporation Studio. Un film 100 % marocain que son réalisateur a bien voulu présenter à la rédaction d’almaouja.com.
Ali El Mejboud – C’est une comédie noire, l’histoire d’un réalisateur en fin de carrière qui va rencontrer un producteur, un homme d’affaire, et accepter sa proposition de faire un film sur son père. Le producteur lui demande de prendre une star internationale pour jouer le rôle de son père. Pendant le tournage, la star décède accidentellement et le réalisateur va décider de continuer le film avec le cadavre de l’acteur. Le film s’appelle Dallas qui est le surnom du réalisateur car il porte toujours des chapeaux. Le tournage a commencé une dizaine de jour et se termine dans 5 jours.
AEM – La diffusion du film est prévue d’ici à la fin de l’année, au moins dans les festivals et je l’espère dans les salles de projection.
AEM – Oui c’est une production 100 % marocaine. Nous avons le soutien du Centre Cinématographique Marocain (CCM) et le producteur exécutif est l’entreprise Image factory basée à Casablanca.
AEM – C’est vraiment un hasard car je suis venu ici effectuer un repérage pour un autre projet que je vais réaliser prochainement et en visitant les studios Atlas, je me suis dit que c »était l’endroit idéal. Dallas est en effet un film sur le cinéma et comme il me fallait tourner des séquences de tournage, faire tout cela ici dans ces studios avec les restes des grosses productions américaines d’autrefois, tout cela m’est apparu une bonne idée.
Et puis venir travailler dans un tel lieu où l’on trouve sur un même site les studios, les ateliers et les bureaux, l’hôtel, le restaurant, c’est un élément vraiment intéressant.
Nous avons d’ailleurs été très bien accueilli par l’équipe des studios et principalement leur responsable Amine Tazi. Nous sommes ici dans de bonnes conditions de travail. Quand les comédiens ne tournent pas, ils sont au bord de la piscine, et les répétitions peuvent ainsi se faire dans ces conditions très sympathiques.
Un très bon point pour Ouarzazate
AEM – C’est un très bon point pour Ouarzazate et j’espère que d’autres productions nationales viendront tourner ici car c’est vraiment un lieu idéal. Bien sur il y a la qualité de la lumière mais il y a aussi la tranquillité et puis les figurants d’ici qui sont très professionnels. Ils savent exactement où se placer, ils font des choses sans que tu leur demandes. Ils ont de l’expérience. Et c’est la même chose avec les cascadeurs. Tout est ici à portée de main alors qu’à Casablanca par exemple, trouver le moindre cascadeur est une affaire compliquée.
AEM – J’ai fait deux téléfilms et une série, « une heure en enfer », qui en est maintenant à sa cinquième saison. Et c’est en effet le premier film que je peux faire dans un telle configuration aussi intéressante. L’équipe est plus grande et il y a plus de matériel. Travailler avec une steadicam était un rêve et là je peux le faire.
AEM – Ici au Maroc, dès que l’on veut faire un long métrage, le montage devient assez complexe car la CCM ne délivre son soutien financier que par tranches et si l’on ne trouve pas de co-production, tout devient vite très compliqué. Il faut attendre que l’argent soit transfèré et donc il y a nécessité de demander aux équipes techniques de patienter pour toucher leur rémunération.
Le CCM procède par un système d’avance sur recette et se lancer dans un premier film est difficile d’autant plus que trouver des co-producteurs n’est pas une chose facile, surtout quand on n’est pas encore connu.
L’idéal aurait été de toucher l’argent tout d’un coup mais comme avant il y a eu trop de magouilles, des films qui se faisaient nimporte comment, la jeune génération en paye aujourd’hui le prix.
La plupart des jeunes réalisateurs fonctionnent donc par ce système et finalement se débrouillent en créant une solidarité au sein de l’équipe. Ce n’est pas agréable mais c’est ainsi.
AEM – C’est une histoire que je raconte souvent. A l’âge de 12 ans, mon père m’a mis une caméra entre les mains et je me suis plongé là dedans. J’ai trouvé là quelque chose qui me faisait plaisir et qui est devenu une sorte de drogue dure. J’ai rencontré là le plaisir de diriger, de filmer, celui de trouver des solutions techniques. Je m’amusais à créer des personnages en pâte à modeler et je les filmais. En fait, j’avais une facilité à faire ce métier et je me suis dit qu’il ne fallait pas lâcher cela. C’est certes un métier difficile, avec un côté en dent de scie, mais une fois qu’on a passé les moments douloureux d’un tournage, il ne reste que les bons souvenirs.
Ce qui est bien dans un tournage, c’est que l’on affronte énormément de difficultés qu’il faut résoudre et l’on sort grandi de ces expériences. Il faut être diplomate, il faut être stratégique. Ce n’est pas facile de gèrer une équipe de 50 personnes, toutes différentes, et les faire avancer dans le même sens. Dans l’ensemble, je suis très content, et les marocains sont professionnels. Pour l’instant, je n’ai eu que des choses positives dans mon parcours.
AEM – Une nouvelle série est en cours, une commande qui va se faire prochainement et puis j’ai un projet de long métrage en tête mais je n’en dirais pas plus pour l’instant.
Crédit Photographie : Abdellah Azizi
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