Volet 4 – La pandémie et le confinement qui en découla ont profondément bouleversé l’économie du tourisme alors florissante sur l’ensemble de la planète et notamment au Maroc où l’année 2019 aura vu un score historique de 12,9 millions de touristes accueillis dans ses territoires. Sur cette même année, ce secteur économique fournissait au pays 750.000 emplois directs et plus de 2,5 millions indirects. Depuis, toutes les activités sont à l’arrêt et la reprise est encore pleine d’incertitudes. Pour mieux comprendre les enjeux de ce secteur vital pour l’avenir du Maroc, Sudestmaroc.com a voulu recueillir l’avis de français vivants au Maroc et engagés dans le tourisme. Aujourd’hui, la parole est donnée à Olivier De Kermel, Directeur Général de la Villa Diyafa Boutique hotel & Spa, depuis Rabat.
Olivier De Kermel – Je l’ai vécu aussi bien que possible avec beaucoup de sérénité. Dès le début du mois de mars et bien avant le confinement, nous avions pris conscience des risques pour nos employés, puisque nous recevions des clients internationaux, et que j’avais déjà vécu personnellement des précédentes crises sanitaires. Mesures d’hygiène renforcées dans les espaces publics et les suites, affichages dans les lieux réservés aux employés et gel hydro-alcolique à disposition.
A l’annonce de la fermeture du restaurant et du confinement, nous avons continué une activité restreinte au minimum avec les clients qui se trouvaient encore à l’hôtel et qui sont restés pour les derniers jusqu’au 21 avril. Seuls quelques collaborateurs étaient encore présents sur le site, avec des protocoles d’interaction encore renforcés. Nous avions entrepris des travaux d’amélioration et d’entretien début février, que nous avons amplifiés jusqu’à aujourd’hui pour reprendre une activité avec un établissement encore plus accueillant et confortable.
Les équipes techniques et de housekeeping ont continué à travailler durant le confinement. Nous avons aussi mis un système de E-learning à disposition de tous nos collaborateurs qui se sont retrouvés sans activité pour encore renforcer leur formation individuelle. Aujourd’hui je travaille avec mon équipe d’encadrement pour préparer le futur, organisation, communication, et gestion commerciale et financière. Nous travaillons beaucoup par réunions sans contact physique, par vidéo interposée, avec notre siège aux Emirats Arabes Unis, et aussi à Rabat pour éviter les déplacements inutiles.
Oliver De Kermel – Je suis revenu au Maroc, à Rabat en fin d’année 2019, après 10 ans d’absence, j’avais dirigé le Hilton de Rabat de 2003 à 2009. Je pense pouvoir dire que je connais bien. Tout d’abord j’ai été très impressionné en revenant à Rabat par le magnifique développement de la capitale du Royaume. Non seulement la vision de Sa Majesté le Roi, mais la mise effective en pratique de ces choix.
Infrastructures nouvelles, restaurations réussies, tout est magnifique et j’en suis très heureux pour le Maroc et les marocains. La manière dont a été traitée la pandémie de Covid est absolument remarquable, et je suis heureux d’avoir été confiné ici, plutôt qu’en France ou au Brésil, mes autres résidences. Les décisions ont été rapides, efficaces, suivies et surtout claires.
L’esprit du respect des ainés au Maroc a surement contribué au respect des consignes, à l’inverse des réactions en France ou le bien être égoïste de chacun passe avant tout.
La manière dont le Maroc a géré la crise sanitaire est un atout majeur pour la relance du tourisme
Olivier De Kermel – J’ai lu énormément d’analyses ces dernières semaines, économiques et touristiques, nationales et internationales. Il y a un point commun, la crise économique et sociale à venir sera forte et l’avenir sera différent pour ceux qui y survivront économiquement. Pour ce qui nous concerne, le tourisme local sera privilégié, au moins pour les mois à venir avant la future réouverture des frontières. Pour notre hôtel qui reçoit majoritairement une clientèle affaire, il est trop tôt pour faire des prédictions. Trop de facteurs indépendants de notre contrôle sont à prendre en compte.
A notre niveau d’action, nous nous organisons pour que nos clients soient assurés d’un risque zéro pour vivre avec la situation sanitaire actuelle, qui pourrait durer. Je dois avouer que la taille raisonnable de notre établissement facilite beaucoup la gestion de l’hygiène et des fluides de circulation. Grands espaces, salons, terrasses, jardins pour peu de privilégiés, et protocoles très professionnels en terme d’hygiène et de contacts.
Une réflexion plus générale me laisse assez optimiste pour le Maroc. La manière remarquable dont la crise sanitaire est gérée par les autorités, et dont parle le monde entier en citant l’exemple du Maroc, sera un atout majeur lorsque les frontières seront ouvertes aux touristes internationaux. J’en suis persuadé.
Oliver De Kermel – Je pense comme beaucoup qu’il y aura un « après Covid » , moins de réunions présentielles, moins de grands évènements, ou/et avec moins de participants, et cela suit aussi une prise de conscience mondiale de la nécessité de changement de nos habitudes pour le respect de la planète. Les voyages seront sûrement mieux pensés en terme de nécessité. Mais l’intelligence humaine permettra surement aussi de trouver de nouveaux modèles. Le Maroc a beaucoup d’atouts touristiques et de proximité avec l’Europe, et je suis assez confiant pour le futur.
Olivier De Kermel – Il faut regarder la crise comme une opportunité pour repenser ensemble nos choix futurs. L’évolution du Royaume est impressionnante en terme d’infrastructures ces dix dernières années, il faut bâtir des stratégies adaptées aux nouveaux besoins du tourisme national et international, une vision à long terme, alliant sécurité sanitaire pour tous, respect de la nature et développement humain local.
Rien de très nouveau dans tout cela, mais nous devons continuer à agir ensemble, nous sommes au pied du mur.
Olivier De Kermel – Venez redécouvrir ce pays magnifique, et son sens de l’accueil en toute sécurité. L’évolution est impressionnante !
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