Une population nomade sillonne la vallée de Todgha. Des transhumants qui se déplacent avec leur bétail en quête du pâturage. Vivant de l’élevage pastoral, ils conduisent leur cheptel là où la nature est fertile. Des hommes, des femmes et des enfants berbères qui perpétuent un mode de vie ancestral.
Ici, certaines cavités dans les falaises rocheuses deviennent provisoirement des gîtes garnis d’objets rudimentaires : théières et brocs usés, gamelles rafistolés et bidons d’eau. Des objets purement utilitaires et des aliments nécessaires comme du pain, des dattes et du lait pour épargner le besoin. Des petits enclos en pierres sont réservés aux chevreaux et aux agneaux. Ces bergers ont souvent le visage voilé de châle pour se protéger du froid intensif de l’hiver et de la chaleur brûlante de l’été. De temps en temps, ils n’hésitent pas à ranger les pans de leurs djellabas, le bâton du berger à la main, pour alerter une bête imprudente qui s’écarte du troupeau.
Des chants berbères portés par leur voix finissent en rumeur dans la vallée. Ils chantent la vie ou apprécient le plaisir de ne pas se sentir seuls. Leur physionomie ne trahit nullement leur âme. Des gens candides dont la rudesse du climat et le temps n’ont pas affecté leur naïveté spontanée. Leur vie est dépourvue de tout ornement. Ils vivent en pleine nature en se contentant du peu. Un bonheur qui ne dépend que des précipitations et de l’abondance du pâturage.
L’horizon, les cimes et les vents leur communiquent tant de choses. C’est pour prévoir les turbulences du climat, sa douceur ou sa colère. Leurs journées sont rythmées par le devoir de prendre soin du cheptel. Leurs soirées sont des moments de convivialité consumés par les flammes du feu et la fuite du temps. Sans se soucier des trajets à parcourir ou des contrées à traverser, ces humbles gens refusent d’être captifs de sédentarité. Ils s’attachent vigoureusement à la liberté de vivre en déplacement. Sans craindre aucun mal, ils foulent des vallées et gravissent des montagnes face aux vents. Ils s’égaillent dans la nature pour mener une vie dans des terres de différentes couleurs. Une vie de bonheur orchestrée par des nomades qui rayonnent de bonté, de sérénité et de paix.
Crédit Photographie : Abdellah Azizi
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3 commentaires
Très bel article. Merci.
C’est ce que faisait nos ancêtres jadis … malgré la technologie actuelle qui a causé pas mal de pollutions … pour moi la vie d’un nomade est meilleure que celle d’un citadin qui possède toutes les créations de la technologie … comparaison : le nomade déguste bien sa vie en plein nature … quant au citadin malgré tout ce qu’il possède sa vie est souvent dérangée … . enfin je tiens à dire à ces nomades de Todgha Bravo et bonne réussite dans votre vie.
Bonsoir, en lisant ce formidable article, je déguste savoureusement le mode de vie de ces nomades.
Des souvenirs d’enfance me viennent en ce moment à la tête : quand ils étaient de passage tout près de notre Douar, nous les accompagnions jusqu’à la sortie de la localité, juste pour admirer leurs dromadaires et s’enivrer de leur odeur ainsi que celui des troupeaux. Les nomades profitent de la nature sauvage en domptons toutes sortes de plantes médicinales et en s’approvisionnant de l’eau pur jaillissant des sources naturelles.
N’est ce pas là une vie “bio”?
Les nomades mènent une vie naturelle loin de toute contrainte de la vie en ville se caractérisant par le stress, la pollution et les bruits de toutes sortes. Une bonne semaine en leur compagnie peut guérir une âme stressée ou dépressive. Et je me demande pourquoi certains touristes viennent faire des randonnées en leur territoire, n’est ce pas pour exorciser leurs maux quotidiens engendrés par la vie moderne?
Les nomades méritent un geste de la part du gouvernement afin de faciliter leur déplacement et encadrer d’une manière saine l’éducation de leurs enfants. La vie des nomades, il n’y’a pas mieux.
Merci monsieur pour votre formidable article.