Mais nous voulions un voyage intelligent, un voyage qui nous emmène loin de tout tumulte, de toute foule, de tout sentier maintes fois battu. Alors comme nous sommes tous passionnés de pierres et d’histoire, voire de préhistoire, mon mari, mes trois filles et moi-même sommes partis à la recherche de gravures rupestres. En parcourant le net, j’ai pu glaner quelques bribes d’informations. Je n’ai pas vraiment trouvé de guide. L’art rupestre au Maroc est soit inconnu soit farouchement caché pour rester protégé peut-être. En tout cas, il semble être carrément ignoré de la plupart des guides touristiques ou seulement évoqué comme un éventuel détour. Mais comment trouver ces gravures rupestres éparpillées parfois sur des sites de plusieurs hectares. Comment faire le choix de voir tel ou tel site ? Un livre me fut précieux pour déterminer notre feuille de route. Il s’agit de « L’art rupestre au Maroc : les sites principaux » d’Alain Rodrigue, repéré, par hasard encore, et que j’ai réussi à me procurer avant de partir. Mais là aussi, il faut s’armer de patience. L’auteur est délibérément resté très vague quant à la situation géographique de tel ou tel site dans le but évident de les protéger du pillage. Qu’importe nous partons.
Après notre arrivée à Fès et une journée de médina, nous prenons enfin la route pour les dunes de l’Erg Chebbi. Objectif : le site de Téouz. Heureux d’être enfin livrés à nous-mêmes, nous parcourons la route pour Errachidia via Boulemane et Middelt. Sur un plateau du Moyen-Atlas, la route, ligne droite comme tracée à la règle, s’enfuit devant nous. Nous pensons être seuls au milieu du reg mais un berger se dresse parfois dans toute sa verticalité dominant son troupeau de moutons. Après Errachidia, la surprise est grande, la croûte terrestre s’est crevassée laissant s’engouffrer un océan vert de palmiers. C’est la vallée du Riz. Erfoud, Rissani puis les dunes.
Heureux choix que nous avons fait. Cet hôtel est isolé, face aux dunes. Il faut suivre une piste de 5 km pour y parvenir. C’est la paix assurée et le bonheur d’ouvrir les yeux le matin sur ce paysage ocre. Un bon point pour Mohamed et son équipe qui mettent tout en oeuvre pour accueillir au mieux ses hôtes. Ils se battent pour préserver leur spécificité et ne pas ressembler aux nombreux hôtels qui se côtoient à Merzouga. Un projet de goudronnage de la piste est à l’étude, reliant directement Erfoud au nord de l’erg. La casbah de l’Erg Chebbi s’est associée aux autres établissements répartis dans le secteur pour s’opposer à ce projet. Comme je les comprends : route goudronnée signifie fin de cette paix, de cet îlot d’exception.
De plus, pour les convaincus de la nécessité d’un développement durable, l’électricité ne fonctionne qu’à la tombée de la nuit avec des groupes électrogènes (donc pas moyen de recharger téléphone ou batterie d’appareil photo le jour) et l’eau chaude des chambres est assurée par des capteurs solaires ou des fours à bois donc pas de douche le matin mais on s’adapte.
Un 4 x 4 nous est loué pour la journée avec un guide. Ces gravures sont connues mais sans guide, impossible de les trouver car elles sont disséminées dans un rayon de 10 km. Elles sont mentionnées dans le guide du routard. Ces gravures sont de moindre importance que celles de la vallée du Draa mais j’ai choisi ce site pour la recherche d’une émotion que j’étais presque sûre de ne pas trouver dans les dunes de Mahmid. Leur tracé est un peu flou. Balayées par les vents chargés de sable, elles subissent une érosion continue. Elles sont réparties sur le flanc d’une colline et offrent au regard des représentations piquetées d’éléphants, girafes, autruches ou autres animaux d’une savane existant il y a près de 10 000 ans avant l’assèchement de la région commencé il y a environ 4 700 ans.
Selon notre « bible » du moment, le livre d’Alain Rodrigue, il y en aurait sur plusieurs sites : Aït Ouazik, Ouaouglout, Tamsahelt, Tiouririne et Anou N’Ouamerzemlal.
Mais notre guide, H’mid, rencontré par hasard (encore !), à une terrasse de Tazzarine, ne connaît que celles de l’Aït Ouazit et de Ouaouglout. Le rendez-vous est pris pour qu’il nous y conduise. Une demi-journée ne suffira pas. Nous irons donc seulement au site de Aït Ouazik. Notre véhicule peut s’aventurer sur les 15 km de pistes qui y mènent. Cette fois-ci, nous sommes surpris de trouver un site surveillé par un gardien (système mis en place depuis trois mois). Il est vrai que de très nombreux graffitis ont été faits sur les pierres, ce qui est désolant. H’mid se prend au jeu avec nous et c’est au premier qui trouve l’une des gravures représentées dans notre livre. D’où l’intérêt d’un guide illustré pour des amateurs petits ou grands ! Les dessins sont superbes. « A l’exclusion de quelques sujets piquetés, toutes les gravures ont été obtenues par un polissage soigné, parfois très profond. Le thème le plus fréquent est celui du piège… La faune est riche et variée avec des gazelles, des antilopes, des éléphants, des rhinocéros, des félidés, une girafe… ». Nous sommes ravis et H’mid nous promet qu’il va poursuivre les recherche sur les autres sites.
Notre déception est grande car outre l’éternelle excursion en 4 x 4 avec bivouac dans les dunes de Mahmid, les personnes rencontrées dans les hôtels de la ville ne connaissent pas cette richesse qui dort près d’eux. Pourtant la vallée du Draa regorgerait de gravures rupestres. C’est en discutant avec le gardien du musée des Arts et Traditions de la vallée du Draa dans le Ksar de Tissergate, que nous avons enfin un contact. Il s’agit de Hassan Elatmani, que nous empressons de trouver dans son restaurant-auberge à la casbah Oulad Outmane, à 12 km de Tinzouline. Après nous avoir servi un très bon repas, il se rend disponible pour nous emmener avec notre véhicule au site de Foum Chenna à proximité. 7 km de piste nous amènent à un site également protégé depuis peu avec gardien muni de jumelles. Là, ce sont plus de mille gravures réparties sur les rochers à flanc de colline. « Toutes sont piquetées, en trait large et peu profond, assez imprécis. Elles couvrent toutes les surfaces verticales disponibles. Les cavaliers sont le thème le plus fréquent avec scènes de chasse ou de combat. » C’est très impressionnant.
Les autres sites de la région, référencés sans mon livre, ne semblent pas être connus ici. Il y aurait Asguine, Azigza, Hassi Tafenna, Hassi Taska, Oued Wiggane, Ouzdine. Peut-être que les noms ont changé ou se prononcent différemment. Quoiqu’il en soit, nous ne pourrons pas trouver cette fois-ci. L’absence d’une carte à grande échelle est vraiment un handicap. Mais nous n’en avons pas su en trouver ni en France, ni sur place ni à Fès dans les librairies. Ce fut un réel frein.
Il y a bien d’autres sites dans d’autres régions du Maroc mais cela sera pour un autre voyage.
Depuis Zagora, il n’y a aucune indication précisée : la présence d’un guide est nécessaire
Pour le site de Aït Ouazik : Hmid Oualal / Tazzarine / Tel : +212 633 65 89 69 / +212 665 85 78 79 / saharamontagne@gmail.com
Pour le site de Foum Chenna : Hassan Elatmani / Auberge La Casbah / Oulad Outmane (12 km avant d’arriver à Tinzouline sur la route de Ouarzazate à Zagora)
Référence littéraires :
– L’art rupestre au Maroc : les sites principaux / Alain Rodrigue / Editions L’Harmattan
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Avec Désert et Montagne Maroc – Partenaire sudestmaroc.com
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