Au Maroc, l’école est face à une obligation de renouveau

L‘enseignement marocain est en échec. Ce constat accablant, pressenti par tous, a été pour la première fois clairement exprimé par le ministre de l’Education nationale, M Rachid Benmokhtar Benabdellah. Le ministre a en effet récemment eu le courage de résumer la réalité de la situation en une formule qui ne laisse aucune place à la tergiversation complaisante : « Nous avons échoué ». Après la phase du diagnostic telle que menée ces derniers mois, une perspective de réformes ambitieuses du secteur de l’enseignement voit enfin le jour et organise dès la période 2015-2018 des changements profonds qui devraient sans aucun doute donner un nouveau visage à l’école du Maroc.

Un état des lieux décevant

L’école marocaine est en retard. Les indices sont alarmants dont le plus visible est que les élèves marocains ne maîtrisent pas les compétences de base. Personne n’en doute. Dans le dernier rapport de l’OCDE, le Maroc est classé 73ème sur 76 pays étudiés en matière de maîtrise de compétences de base chez les élèves âgés de 15 ans notamment en lecture, mathématiques et sciences. Pire, selon le ministre de tutelle, 76% des élèves marocains passent la 4ème année du primaire alors qu’ils ne savent ni lire ni écrire.

Des études avaient déjà tiré la sonnette d’alarme des années auparavant cette prise de conscience ministérielle. L’étude du Plan National de l’Evaluation des Acquis (PNEA) en 2008 et celle de la Trends International Mathematics and Science Study (TIMSS) avaient constaté la faible efficience de l’école marocaine. Un constat qui se traduit par les retards impressionnants des élèves marocains en matière de maîtrise des matières scientifiques et des langues notamment arabe et particulièrement le français.

Des problématiques qui entravent le changement

Le rapport du Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique a publié une évaluation qui couvre la période 2000-2013. Il a mis le doigt sur les vraies problématiques qui perturbent le bon fonctionnement et le changement de l’école marocaine. D’abord l’école n’est pas au centre de la société nationale et locale notamment dans le milieu rural où le rôle de trois acteurs s’avèrent pourtant déterminant : les communes, les directeurs d’écoles et les enseignants.

Le rapport pointe la non suffisante implication de tous ces acteurs et la faiblesse des outils d’évaluation. La problématique de l’enseignement obligatoire, le taux élevé du décrochage scolaire, la faible formation des enseignants, l’accès limité aux techniques d’information et de communication dans l’enseignement … tout cela concoure à créer des problématiques lourdes et contraignantes mais désormais connues et identifiées.

Les défis à relever

Nombreux sont les défis d’avenir que l’école marocaine doit affronter. L’évolution démographique en est le premier. L’enseignement secondaire, supérieur et professionnel subiront cette pression dans le futur proche. Le financement de l’éducation nationale constitue également un enjeu majeur dans la mesure où le secteur est à présent supporté exclusivement par l’Etat seul. Les autres partenaires ne sont pas encore impliqués comme l’envisageait la charte nationale d’éducation et de formation élaborée en 2000.

D’autre part, la salle de classe est au centre des réformes à venir car elle est le véritable chantier de toute évolution. D’où la nécessité de redéfinir les compétences et les apprentissages à acquérir par l’élève ainsi que l’innovation pédagogique.

Le futur enseignant marocain, quant à lui, est appelé à remplir un ensemble de conditions dictées par les changements vécus par la nouvelle génération, le changement de la culture des jeunes, les attentes de la société marocaine, l’évolution des méthodes d’enseignement, la domination de la technologie de communication et d’information, le contenu éducatif et numérique… bref, c’est la réforme par le bas qui est requise.

La problématique linguistique en est un autre axe crucial pour l’avenir de l’école au Maroc. Le gouffre entre la langue d’enseignement dans le secondaire (l’arabe) et celle utilisée dans le supérieur (le français) est une problématique majeure qui ne peut plus être mise de côté. La charte nationale d’éducation et de formation recommande la variation des langues d’enseignement des sciences et de la technologie ainsi que l’harmonisation de la langue d’enseignement au secondaire et au supérieur. L’incohérence linguistique remarquée au sein du système de l’éducation nationale exige de repenser la politique linguistique du Maroc.

Le chantier de la réforme

Le Ministère de l’Education nationale a lancé une vaste campagne de concertation en 2014. Une dynamique centralisée sur la réalité et l’horizon de l’école marocaine et à laquelle ont participé toutes les composantes vives de la société marocaine : représentants des élèves, acteurs éducatifs, partenaires sociaux, société civile, acteurs politiques, associations professionnelles, secteurs gouvernementaux partenaires, experts… L’objectif était identifier les principaux dysfonctionnements qui perturbent l’école marocaine en vue de mettre en place une feuille de route qui définisse les priorités d’un projet éducatif national à court, moyen et à long terme. Concrètement, la vision stratégique 2030 a été mise en place.

Dans ce contexte, le ministère de tutelle a élaboré des mesures prioritaires qui s’articulent autour de 9 thèmes pour la période 2015-2018. Il s’agit de la maîtrise des connaissances de base, la maîtrise des langues étrangères, l’intégration de l’enseignement général et de la formation professionnelle, les compétences transversales et épanouissement personnel, l’amélioration de l’offre scolaire, l’encadrement pédagogique, la gouvernance, l’intégrité et les valeurs à l’école et la valorisation du capital humain et la compétitivité de l’entreprise.

Sur le terrain, la réforme est déjà amorcée. Des sections internationales du baccalauréat marocain options français, anglais et espagnol ont été lancées au titre des rentrées scolaires 2013-2014 et 2014-2015 dans certaines académies régionales.

Pour le baccalauréat professionnel, le ministère de l’Education nationale et de la formation professionnelle a annoncé dans un communiqué de presse la création de quinze nouvelles filières qui s’ajoutent aux quatre déjà lancées en 2014. Ces filières sont réparties en quatre grands pôles : Ingénierie électrique et informatique, Ingénierie mécanique, services, construction et travaux publics et agriculture.

La mobilisation de tous est nécessaire

La tâche est immense, à la hauteur du constat d’échec et à la mesure des enjeux que l’éducation des jeunes générations représentent pour l’avenir du Maroc. Ce chantier national nécessite la mobilisation non seulement des professionnels du secteur mais aussi de tous ceux qui sont concernés par ce sujet, c’est à dire quasi tout le monde, marocains comme étrangers. L’ambition portée et affirmée par le Ministre et clairement soutenue par le Roi Mohammed VI donne aujourd’hui la garantie d’une nouvelle voie pour l’enseignement au Maroc qui devrait permettre une formation adéquate de la jeunesse marocaine et ainsi la rendre apte à mieux participer au défi de la mondialisation et du rayonnement économique du Royaume du Maroc.

1 commentaire
  1. Bonjour,

    Ce sujet est très important et sensible car avant tout il est politique. La preuve : bien des éminents ministres se sont cassés les dents pour en arriver là. Cela a commencé avec l’arabisation de ce secteur avec l initiative du parti de l’Istiqulal. Ce fut le fiasco total et la naissance de la génération déroutée, et c’est internet qui a donné le coup fatal.

    Ni éducation ni lecture ni culture.

    C’est en somme l’âge de pierre, pardon de plastique avec du chat …

    Hassan

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