A Skoura, le rêve d’une palmeraie 100% écologique

Catherine et Philippe sont établis depuis 2006 dans la palmeraie de Skoura, province de Ouarzazate, et ont mis en oeuvre un projet d’agrotourisme sous la forme d’une ferme d’hôtes, du nom de Sawadi, pour l’accueil de visiteurs de passage dans un espace verdoyant entièrement géré selon les principes du développement durable. A ce titre là, ils ont reçu le 24 février 2014 à Agadir des mains de la Ministre déléguée chargée de l’environnement, Madame Hakima El Haite, le Trophèe Maroc pour un tourisme durable, dans la catégorie environnement.

Aujourd’hui pleinement occupés à faire vivre leur ferme d’hôtes dans la palmeraie de Skoura, Catherine Quenisset et Philippe Ferrer Mora ne sont pas des nouveaux venus dans le domaine du développement durable puisque leurs professions en France les ont amené depuis longtemps à s’intéresser au développement de la qualité dans le monde de l’entreprise. C’est ainsi que tous deux ont participé à l’élaboration de la norme ISO 26000 relative à la responsabilité sociétale des entreprises, norme qui définit la responsabilité de toute entreprise en regard de l’impact de ses activités sur la société et l’environnement.

Par un des heureux hasards de l’existence, ils découvrent lors d’un séjour au Maroc la palmeraie de Skoura et un projet de maison d’hôtes initié par un autre français sur un vaste terrain niché au milieu des palmiers. L’opportunité de reprendre en main ce projet les séduit et c’est alors qu’ils décident de poser leur vie au Maroc et d’ainsi poursuivre leur implication pour le développement durable, mais cette fois là, en mettant en pratique eux mêmes ce qu’ils enseignaient à d’autres, à savoir une activité économique performante mais qui n’impacte en rien sur la qualité environnementale de son territoire d’implantation et porteuse d’avantages sociaux pour la population avoisinante.

Au fil des années, Sawadi s’est agrandi pour passer de 4 à 20 chambres, une ferme s’est mise en place avec l’élevage d’une quarantaine de moutons, des chèvres, des volailles, des vaches. Un large espace est consacré à la culture des légumes et des fruits avec l’application effective des principes d’une agriculture biologique : zéro pesticide, zéro engrais, zéro produit chimique.

L’essentiel de ce qui se consomme ici est produit sur le lieu, grâce à une équipe motivée de 15 personnes et à une organisation maîtrisée de tous les processus liés à leur activité : tri des déchets, compost, fabrication d’une lessive non toxique pour les sols, non traitement chimique de l’eau de piscine …

Une activité économique qui crée de la richesse sans détruire son environnement

Comme aiment à l’expliquer Catherine et Philippe, Sawadi, c’est un véritable projet agricole et touristique avec une vraie exigence environnementale et cela fonctionne, contrairement à ce que trop de personnes continuer de penser. Pour eux, et l’expérience du terrain vient confirmer leur conviction, il est possible de cultiver le sol sans engrais, il est possible d’avoir du lait de qualité de la vache locale Tidili sans avoir besoin d’importer des animaux étrangers, il est possible de cultiver moultes légumes et fruits sans détruire les sols et les nappes phréatiques, il est possible de ne pas anéantir les abeilles par l’usage de tous les produits chimiques. Et, le plus important, il est possible de faire vivre une économie qui crée de la richesse sans détruire son environnement.

Catherine et Philippe considère Sawadi comme le prototype d’une activité touristique durable. Leur objectif, et finalement leur rêve, est que la palmeraie de Skoura devienne une palmeraie écologique, et donc durable. Sans cela, ce site naturel est voué à disparaître comme ce fut le cas pour tant d’autres palmeraies.

L’urgence est double. Il faut avant tout cesser la destruction des sols par l’usage de tous les produits chimiques. Ils ont conscience que le point de départ de cette évolution doit se faire au niveau de la population, même si aujourd’hui, ils reconnaissent que personne n’est vraiment convaincu des avantages réels et surtout de l’efficacité d’une agriculture biologique.

L’autre urgence est selon eux est de maîtriser le développement du tourisme dans la palmeraie. En l’absence d’une politique d’assainissement et de traitement des déchets, le nombre croissant de lieu d’hébergement sera catastrophique pour l’écosystème local et pour les habitants. A terme, et cela illustre le défi qui fait face à l’ensemble du Maroc, les touristes se détourneront de cette destination qui périclitera peu à peu pour devenir un endroit sans économie, abandonné par sa jeunesse et sans plus d’avenir que de se voir recouvrir par les sables et l’oubli.

La Palmeraie de Skoura, laboratoire vivant de l’écologie

Pour parvenir à réaliser ce rêve d’une palmeraie 100% écologique, ils ont fait appel à leurs anciens réflexes professionnels et établi un plan d’action pour engager les évolutions nécessaires.

Selon eux, le premier des axes d’intervention est d’abord d’améliorer la vie des habitants de la palmeraie, notamment en apportant des réponses concrètes aux problèmes d’accès à l’eau ou bien à celui des transports. Ensuite, il convient de stopper l’impact négatif sur les sols par la mise en place d’un système de traitement des eaux et de tri sélectif des déchets. Enfin, et c’est le plus difficile, il faut travailler à l’évolution des habitudes en matière d’agriculture et pour y parvenir, ils proposent la mise en place d’un centre de formation où pourraient s’exercer les bonnes pratiques pour une agriculture biologique. Un tel lieu devraient notamment intégrer l’apprentissage des savoir faire artisanaux locaux et l’ensemble pourrait ainsi accompagner les adultes et les jeunes générations à s’approprier leur territoire pour le faire fructifier dans la durée et en saine harmonie avec le monde.

La palmeraie de Skoura pourrait ainsi devenir un lieu renommé de production de produits des terroirs : les produits à l’eau de rose, les confitures, le miel … Elle pourrait redevenir un vrai oasis, un lieu de verdure et donc de fraîcheur pour l’accueil de tous. Elle serait alors une source d’économie partagée entre tous les résidents, marocains comme étrangers.

De nombreuses personnes œuvrent déjà à cet objectif. Réunis en association ou par le biais de leur activité professionnel, comme ici à Sawadi, ils sont nombreux à comprendre que la Palmeraie de Skoura est sur le fil de son destin, que si rien n’est encore trop tard, rien n’est encore gagné.

Crédit Photographie : Abdellah Azizi
www.azifoto.com

2 commentaires
  1. Un article intéressant, émanant encore une fois “d’étrangers” qui aiment leur pays d’accueil … Dommage que les “locaux” se sentent moins concernés … Dommage qu’on vende les palmiers à un prix dérisoire, arrachés sauvagement pour être mis sur le bord des routes et oubliés… Dommage que les jeunes qui héritent de parcelles cultivables ne cultivent plus et cherchent à vendre le terrain de leurs ancêtres aux “étrangers”… Dommage que les belles kasbahs anciennes soient abandonnées à leur triste sort et retournent peu à peu à la terre d’origine. Dommage …

  2. Skoura souffre d’un manque de politique concernant les déchets ménager. Il est certes peut-être impossible de les ramasser de partout, mais on peut peut-être sensibiliser les habitants pour qu’ils ne jettent pas les sacs poubelle dans l’oued en allant au souk.

    Il est également déplorable que des jeunes ne puissent pas rester alors que des terrains ne sont pas exploités car dans l’indivis les personnes parties depuis longtemps refusant de partager avec la famille restée au village….

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